Dragonbane : Les dragons d’octobre trouvent les démons bien sobres

Vous croyiez connaître toutes les versions de D&D ? Détrompez-vous ! Dragonbane, sous son nom suédois de Drakar och Demoner est le seul autre jeu de rôle que Donjons & Dragons à avoir ces initiales. Et pour comprendre pourquoi, nous vous laissons le soin de consulter la fiche de gamme de Dragonbane. L’on touche avec cette licence au jeu fondateur du jeu de rôle suédois. Il est l’équivalent de ce que fut Das Schwarze Auge en Allemagne, ou de l’Ultime Épreuve en France. Chaque créateur suédois contemporain affirmera qu’il a commencé par ce jeu.

Et si les décennies ont passé et auraient pu laisser dans l’oubli ce jeu iconique de la culture rôlistique suédoise, ou se cantonner à ses frontières, c’est sous une nouvelle incarnation qu’il nous revient, portée par la prolifique et désormais non moins célèbre maison d’édition Fria Ligan. Et c’est grâce à Arkhane Asylum Publishing que nous pouvons aujourd’hui découvrir ce jeu.

Le jeu bénéficie déjà d’une belle gamme en version originale et à l’aide d’un financement participatif réussi, la version française prend le même chemin, dont la traduction future d’une campagne et d’un grimoire au programme.

Dragonbane a su se moderniser et adopter une nouvelle mouture de règles accessibles et complètes, et dont on comprend de suite à la lecture que c’est écrit pour être joué : pratique, claire et allant à l’essentiel. Ces règles délaissent le Year Zero Engine coutumier de l’éditeur Fria Ligan pour endosser l’iconique d20, tout en préservant quelques astuces éprouvées comme un objet personnel ou des jets de dés avantagés ou désavantagés, avec ce charme de pouvoir utiliser nos autres dés (d4, d6, d8, d10 et d12). En jeu, c’est fluide, vite intuitif, et permet quelques audaces aux joueurs pour faire preuve d’héroïsme, même si la perte d’un personnage reste possible. L’usage de la magie est là encore simple mais efficace, avec des sorts dans le ton de ce que l’on peut avoir dans d’autres JDR de ce type d’univers : élémentaire, etc.

D’ailleurs l’univers, parlons-en… il n’y en a pas vraiment un seul. Certes, la vallée de Valbrume est proposée dès la boîte de base mais c’est la campagne jointe qui permet de la faire vivre, même si c’est tout à fait exploitable en dehors. Mais attention, les bases sont présentes et l’histoire entre les Dragons et les Démons est bien explicitée, et permet déjà au lecteur d’éveiller son imaginaire. Et puis, n’oublions pas que cette licence a plus de 40 ans de suppléments derrière elle…

Ceci dit, cette nouvelle édition reste légère et il faudra que le meneur de jeu soit créatif, ou qu’il attende la suite de la gamme pour y ajouter de l’épaisseur. Cependant, c’est là encore fait pour jouer. Scénarios et même campagne dès la boîte de démarrage sont fournis et tout est fait pour que le plaisir du jeu soit immédiat, sans avoir à compulser des pages et des pages d’univers de jeu.

À la lecture, on ressent cette priorité donnée à la jouabilité, au plaisir et même à la spontanéité, le tout servi par des règles et un genre familier : le médiéval-fantastique.

Enfin, le mot est lâché : médiéval-fantastique ! Car oui, Dragonbane en est un avec des familles (le mot pour « peuples ») des plus classiques : humains, halfelins, nains, elfes… mais aussi colverts (canards) ou lupins (loups) voire des peuples tels les orques ou les gobelins, pas forcément prévus pour être joués dans d’autres univers fantasy. Sans oublier un bestiaire qui est déjà bien rempli et qui permet d’étoffer de suite ses scénarios, avec toujours des idées à piocher pour utiliser les différentes créatures en jeu.

Graphiquement, le jeu bénéficie de l’expérience de Fria Ligan, avec une mise en page et des illustrations des plus magnifiques. Déjà illustrateur sur Nordiska Väsen, Johan Egerkrans confirme son talent avec un style particulier qui sublime le jeu. C’est beau, agréable à l’œil, sans oublier le soin rédactionnel qui fait que tout est clair à la première lecture.

Dragonbane ne réinvente pas le genre, loin s’en faut, mais il le ré-enchante. Et c’est ce qui a plu à notre équipage, cette touche si particulière, qui fait que la gamme déjà existante est envoûtante, ajoutée au soin apporté à l’écriture et à la mise en page qui montrent bien que le jeu est avant tout écrit pour être joué. Et puis, c’est agréable de découvrir un Grand Ancien lorsqu’il s’est fait une nouvelle jeunesse pour nous plaire.

Joyeux anniversaire !

• Fabien Amilin
• Michael Bielaczyc
• Yann Machurey
• Renan Maurilio
• Marty Douglas Salsman

...gagnent un niveau !

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